Une histoire parmi tant d’autres

 

Amélie annonce à Felipe sa volonté de divorcer. Ils décident de consulter chacun un avocat pour s’entretenir sur la procédure. Dans le même temps, ils consultent un médiateur familial sur conseil d’un proche.
Le premier entretien, préalable à la médiation familiale, permet de découvrir ensemble le cadre, les modalités, les avantages ainsi que le coût d’une séance de médiation. Ils décident d’y entrer souhaitant s’entendre au mieux pour leur petite fille de 4 ans. La démarche s’est inscrite en parallèle de l’action judiciaire et témoigne du désir de se séparer sans se déchirer.
Lors de la 1ère séance, chacun exprime le ou les objectifs pour lesquels il(elle) est entrée dans l’espace de médiation familiale. Entre l’appartement qu’ils souhaitent vendre, la future résidence de l’enfant, les contributions financières, tout un ensemble de points sont à traiter et à clarifier. Les sujets s’égrènent et le soutien du médiateur leur permet de décider ensemble des changements d’organisation individuelle et familiale.
L’atmosphère est calme et respectueuse.
Et puis… Félipe surprend Amélie lorsqu’au 3ème rendez-vous, il exprime toute sa colère, sa déception et son sentiment d’injustice face à la séparation. Ce qui aurait pu être un cours d’eau tranquille s’annonce être un fleuve impétueux. Amélie est interloquée : « Mais, nous avons fait le choix du divorce par consentement mutuel, il me semblait que tu étais d’accord pour que nous divorcions ». Félipe surenchérit après quelques secondes de silence: «… Je n’ai pas voulu ce divorce. C’est toi qui a tout provoqué et en plus, je suis censé te verser une prestation compensatoire. C’est toi qui me quittes!».

Le divorce par consentement mutuel communément appelé divorce à l’amiable suppose avant tout que les époux soient d’accord sur le principe de la rupture du mariage et sur ses conséquences. La procédure est simplifiée, les délais sont nettement plus court et tout semble alors plus aisé, rapide et favorable à ne pas trop réveiller les vieilles rancœurs sagement enterrées.

Si ce type de divorce peut tout à fait répondre à la situation de certains, il reste pour beaucoup d’autres un moyen de sortir rapidement d’une situation sans chercher à explorer des espaces potentiellement à risques.
Les motivations sont bien souvent exprimées ainsi :« Je veux me séparer rapidement, ne plus avoir affaire avec lui(elle); Je suis prêt(e) à tout lâcher pour ne plus être sous le même toit; Cohabiter encore quelques mois est insupportable; Au plus vite c’est fait, au plus vite je passerai à autre chose, de toute manière on est d’accord sur tout »

Cependant, si la procédure est simplifiée, le divorce n’est pas un acte banal et anodin dans l’histoire d’un couple.

L’expertise de certains professionnels tels que le notaire, l’avocat, le juriste est nécessaire pour établir une convention finale mais il reste à traiter des impacts organisationnels, relationnels, psychologiques, affectifs notamment au niveau des enfants.

De plus, la demande de divorce est très souvent amorcée par l’une des 2 personnes du couple. Un matin au réveil, un soir au coucher, en voiture, en revenant du travail, l’un des conjoints va déposer le mot ‘divorce’. Il faudra souvent plusieurs formulations avant que cela ne soit vraiment entendu et acté par le conjoint.
Ceci peut amener ce dernier à nier la réalité, à rejeter et/ou à acquiescer, se sentir soulagé, adhérer immédiatement voire même prendre les choses en mains en prenant rendez-vous dans un cabinet d’avocat par exemple. Et puis, vient le temps du questionnement entre conjoints.

Pris dans le tourbillon des émotions et de ce qui est à ‘mettre sur papier’ dans la convention finale, un tiers professionnel aura la juste distance pour conseiller et soutenir.
Le médiateur familial sera un tiers différent. Si son soutien est indéniable, il ne conseillera pas mais soutiendra chacune des deux personnes dans la réflexion et le partage au sens propre et au sens figuré.

En effet, les sursauts dont il est question dans l’histoire citée en amont de ces lignes, sont assez courant: «Finalement, je suis surpris(e) (ou pas) ; Je reconnais ou non la demande ; Je cherche du sens à cette future séparation ; Je me questionne sur l’avenir ; Je me fais une raison ; Je le partage ou non avec un proche ; J’accepte ; Je fais les comptes… »
Quelques attitudes loin d’être exhaustives montrent tout le chemin à parcourir avant l’officialisation de la séparation.

En médiation familiale, ces sursauts s’expriment et permettent, entre autres, de clarifier le positionnement de chacun.
J’ai aussi conscience, de ma place de médiatrice familiale, que les sujets abordés par les personnes, les amènent  à réaliser vivement la perte tout en les projetant sur un futur à dessiner. Penser la résidence des enfants, la contribution financière à l’entretien et à l’éducation de ceux-ci, la prestation compensatoire pour l’un ou l’autre, le partage des objets symboliques bousculent :
« Qui prend l’album photo de notre mariage ? Qui garde les albums des enfants ? Qui d’entre nous continue à habiter dans la maison tant qu’elle n’est pas vendue ? Ta famille est plus riche que la mienne, je ne pourrai jamais offrir à nos enfants les vacances qu’ils avaient jusqu’à présent ; Je dois payer alors que c’est toi qui nous met sur la paille… »

Au-delà des biens à séparer, des choix de villes et de type de logements pour les enfants, des montants à définir, la médiation familiale permettra un profond dialogue préalable à une séparation réfléchie pour aujourd’hui et… pour demain. L’après-séparation est à construire.

Ainsi, quelques séances pourront vous permettre, par exemple, de :
• Vous assurer que la séparation est claire, acceptée de chacun
• Définir des modalités de vie pour vos enfants
• Communiquer ensemble sur le sens des contributions et prestations
• Penser ensemble la liquidation et la répartition de certains biens et objets
• Désamorcer les potentiels ‘projectiles’ de demain
• Intégrer les accords dans votre convention de divorce

 

  • Les pensées de l’homme actif vont bien vers l’abondance mais celui qui agit avec précipitation va bien vers la disette   

AT Prov21.5

Armelle

Armelle

Médiatrice familiale et thérapeute conjugale

Titulaire du Diplôme d’État de Médiateur Familial, assermentée par la Cour d’Appel de Paris, certifiée thérapeute de couple, j’exerce en cabinet, en présentiel ou en distanciel.

Médiation Familiale en Essonne