Série JAF et médiation Épisode 15: Les mieux placés.
En quoi, le regard de deux professionnels contribue t-il à accompagner des parents séparés? Un Juge aux Affaires Familiales (JAF)* et une médiatrice familiale peuvent tous deux être interpelés lorsque des parents ont de la difficulté à prendre des décisions pour leurs enfants. Nos métiers sont très différents, nos places tout autant. Comment la médiation familiale peut-elle permettre aux parents de reprendre la leur?
Argument n° 15
Le bien-être de votre enfant dépend essentiellement de vous, et non pas de la décision que je vais rendre. Ce n’est ni au juge, ni à l’avocat d’élever votre enfant, c’est à vous seuls. C’est vous qui connaissez le mieux votre enfant, ses besoins, ses rythmes, ses désirs. Pas le juge, qui ne connaît pas votre enfant. C’est vous les parents qui êtes les mieux placés pour prendre les bonnes décisions.
Combien de fois aie-je entendu cette phrase lors d’entretiens de médiation familiale : « Je veux le bien-être de mon enfant »… Nombre de parents la prononce avec conviction, imprégnés d’un sens de responsabilité, désirant effectivement le mieux pour leurs fils et leur filles.
Ainsi, je me souviens d’Arthur** qui parle de séparation après 15 ans de vie commune. Ana qui ne l’a pas vu venir et semble subir cette décision comme un couperet sur la gorge. Eva-Louisa et Matéo, 11 et 8 ans, conscients que quelque chose se passe témoignent de leurs incompréhensions. Matéo, un soir avant d’aller se coucher dira: « Ma famille, je l’aime pas du tout comme ça aujourd’hui ». Arthur et Ana sont appelés à dépasser la crise conjugale ou à la traverser. Quel avenir pour leur couple? Le médiateur familial n’a pas à en décider mais à accompagner ces deux personnes en souffrance car au delà de leur possible désunion, il reste la responsabilité parentale. Si le couple conjugal perdure, ils auront à investir pour un meilleur entre eux. S’ils se séparent, ils auront à investir pour leurs enfants.
Car, qui sont les mieux placés? Qui peut faire les choix les plus adaptés pour Eva-Louisa et Matéo? Un JAF? Un avocat? Un médiateur? À qui confieriez-vous vos enfants en cas de difficultés?
Aucun de ces professionnels n’a mis au monde Eva-Louisa et Matéo. Fondamentalement, aucun n’aurait à décider où ils dormiront ce soir et demain et après-demain et combien il coûtera de les élever, les faire grandir, leur donner ce dont ils ont besoin. Effectivement, lorsque le conflit ne permet plus d’y voir clair, le regard d’un JAF peut tout à fait permettre la définition d’un premier cadre. Mais rappelons-nous que la médiation familiale donne aux parents toute leur place. Celle de leur responsabilité. Celle de leur engagement. Celle de permettre leur bien-être du mieux qu’il puisse être possible dans un temps comme celui-ci. Il pourront traiter de leur conjugalité, en définir la continuité ou la fin, poser leurs peurs, leurs déceptions, questionner leur espérance, réfléchir quant aux conséquences sur eux, les enfants, définir les nouveaux contours du futur… La médiation familiale est un espace qui donne la place.
Je remercie ce Juge aux Affaires Familiales* qui prononce ici 5 phrases remplies de bon sens, encourageant les parents et indirectement, les espaces de médiation familiale.
* Avec l’aimable autorisation de Monsieur Marc Juston, ancien Juge aux Affaires Familiales au Tribunal judiciaire de Tarascon https://marc-juston-mediateur.com
**Prénoms modifiés
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