Si le clin d’œil est bien une expression faciale non verbale, il n’a pas toujours la même signification selon le moment, les personnes voire le pays où il est pratiqué.
Ainsi, sur d’autres continents, il peut être insultant ou donneur d’ordre. En France, reprenez-moi si je me trompe, il témoignerait plus de l’humour, de la connivence, de la complicité ou dans certains cas, d’une certaine forme de séduction ou d’appel à la rencontre (la drague, en langage familier !). Qui ne se souvient pas d’avoir essayé, enfant, à apprendre ce clignement de l’œil en famille ou dans la cour d’école ?
En fait, ce mouvement rapide de la paupière, bien souvent discret, trouverait son origine sur les champs de bataille. Il était nécessaire de fermer un œil pour le préserver du mousquet ou pour inviter à la bagarre.
Enfin, mon propos est plutôt de traiter des clins d’œil du couple tout au long de leur existence.
Le premier clin d’œil virtuel ou non 🙂 a lieu lors de la rencontre. Période initiatique de la jeunesse du couple, durant laquelle chacun trouve l’autre bien à son goût et développe une complicité toute fusionnelle.
Les clins d’œil intermédiaires font s’exprimer lors de situations amusantes, de connivence durant lesquelles l’homme et la femme vont ‘se comprendre’. Durant cette période, des clins d’œil déclencheurs de la bagarre peuvent aussi apparaître car il faut régler certains comptes…
« Je me suis retenue de rire quand ma mère a voulu te servir son sempiternel poulet-petits pois, toi qui déteste ça ! »
« Tu l’as vu celui-là (dit-il en baissant le dessous de l’œil avec l’index) ? Allez, tu ne me l’as fait pas, t’es pas allée à la salle aujourd’hui… Le sport, c’est pas ton truc, et tu sais que ça m’énerve, on sera jamais prêts pour la rando « .
Et puis, vient cette saison durant laquelle les clins d’œil sont moins fréquents et pourraient même disparaître. Le couple est en transition et des questions existentielles émergent :
« Il me fait de moins en moins rire. Est-ce que je l’aime encore suffisamment ? »
Le fait de faire un point régulier est important car il invite à la réflexion et à l’exploitation des ressources personnelles et parfois professionnelles.
« Comment retrouver ces clins d’œil avec mon compagnon ? Comment puis-je lui faire signe ? Aurais-je encore l’énergie et assez d’amour pour l’inviter à la connivence ? »
Bien souvent, la médiation familiale est mentionnée comme un recours dans le règlement de conflit inhérent à la séparation d’un couple. Dès lors que les mots divorces, dissolutions de pacs, séparations sont évoqués, la médiation familiale serait le lieu propice.
En effet, des couples s’extraient peu à peu de leur cristallisation initiale pour n’en voir que l’aspect rigide, parfois glacial. Dans les déceptions et doutes immanents à toute relation, les tensions deviennent insupportables pour au moins l’un d’entre eux. Les dysfonctionnements raisonnent si forts qu’il devient impossible de penser sereinement le présent et encore moins le futur.
Mon expérience de médiateur familial me permet d’écrire que de nombreux couples viennent à ma rencontre avec cette unique perspective de la séparation, de la fin des clins d’œil. Je les accueille avec empathie, confidentialité et dans la volonté d’être le plus neutre possible face à leurs choix.
Et pourtant, hier encore, je recevais cet homme et cette femme qui ont investi ensemble et séparément dans la reconstruction de leur couple. Lors de leurs premiers entretiens au printemps, le divorce était nommé. Leur travail entrepris en médiation et leur cheminement durant l’été ont conduits à cette dernière séance durant laquelle, chacun a exprimé son attachement. Ils sont partis tous deux avec des idées claires d’investissement de l’un pour l’autre.
La médiation familiale est pensée comme un espace dans lequel les personnes seront soutenues dans la perspective d’une reprise de dialogue et dans la recherche de solutions durables pour eux et pour leurs enfants.
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