Je ne vois plus mes enfants et on me demande de continuer à verser une pension alimentaire…
Le monde judiciaire apporte tout à fait une réponse à cette question que ce soit pour un enfant mineur ou majeur. Le site http://www.vos-droits.justice.gouv.fr permettra de recueillir des informations intéressantes sur ce sujet.
Cependant, cette question n’appelle peut-être pas qu’une seule réponse législative.
La poser induit l’idée que le versement de la pension est subordonnée au fait de voir les enfants. C’est-à-dire, partager du temps avec eux, les voir au sens concret du terme, avoir une relation vivante et régulière avec chacun d’entre eux, être en lien, savoir ce qu’ils deviennent, ce qu’ils vivent.
Un parent disait dernièrement en espace de médiation familiale : « Je ne veux pas voir mon enfant, je veux l’avoir ». Avoir n’est pas qu’un auxiliaire, il est un verbe dont les définitions sont nombreuses.
La question se pose, toutefois, de manière cruciale pour de nombreux parents.
L’un des parents peut se voir comme un débiteur face à un parent-créancier soutenu par un jugement. Parfois, un sentiment d’injustice, de frustration habite les cœurs tant la relation parentale s’appauvrit potentiellement autour de cette seule et unique question de contribution financière à l’éducation et à l’entretien de l’enfant.
Du point de vue du parent ‘contributeur’, verser une somme d’argent sans que l’on puisse en mesurer la bonne utilisation et la pertinence peut amener aussi de la contrariété et les échanges de tout ordre seront potentiellement envenimés.
Du point de vue du parent ‘récepteur’, il n’est pas rare de souffrir du peu de considération que cela signifie « Je me sens humilié de devoir quémander de l’argent » disait un autre parent en médiation familiale. Le besoin face à des dépenses croissantes est aussi très concret selon l’âge de l’enfant par exemple.
Certains choisiront de faire la sourde oreille aux demandes de l’autre parent, d’autres opteront pour un versement programmé par virement interbancaire, d’autres encore donneront le montant mensuel ou non, en chèque ou en liquidités au gré des humeurs … En la matière, il y a moult raisonnements et façons d’agir.
Le parent peut aussi dépasser cela et voir dans ce versement la continuité d’un soutien parental, d’une participation à la croissance et le développement de leur enfant. Les comportements parentaux exprimeront alors ce qui se joue autour de l’argent. Chacun comprend que l’échange sur le sujet est plus vaste que l’aspect mathématique. Si ce n’était le cas, une simple calculatrice pourrait faire l’affaire!
Sur la place judiciaire, le JAF peut ordonner une contribution financière à l’éducation et à l’entretien de l’enfant considérant les différents paramètres parentaux (salaires, charges, nombre d’enfants…). Dans l’espace de médiation familiale, le fonctionnement est tout autre.
La médiation familiale sera le lieu de la réflexion et de l’échange entre parents. Chacun pourra alors s’exprimer sur ce que signifie la contribution financière, sur son utilisation, sur la réalité pratique, sur les besoins des enfants et bien plus encore sur le sens et la symbolique de l’argent. Chaque parent pourra y déposer ce qui a du sens pour lui, écouter ce qui a du sens pour l’autre parent.
Finalement, « rendons à César ce qui est à César » et tentons de redéfinir qui en est le réel bénéficiaire.
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