Série JAF et médiation Épisode 16 : Cousu main.
Un Juge Aux Affaires Familiales* (JAF) et une médiatrice familiale nous éclairent quant au bien-fondé et aux possibles de la médiation, lorsque des parents cherchent des solutions pour leurs enfants. Cet épisode porte un titre quelque peu curieux pouvant faire référence à l’habillement. En effet, utiliser le vocabulaire de la couture pour parler de parentalité peut surprendre. Cheminons ensemble, si vous le voulez bien, en commençant par lire l’argument n°16 de cette série.
Argument n° 16
Vous avez la capacité de trouver vous-mêmes les bonnes solutions. Vous l’avez bien fait lorsque vous étiez ensemble ! Grâce à ce processus de médiation, vous allez retrouver ces capacités, qui sont en vous, de décider. Et vous serez fiers d’avoir fait vous-mêmes votre jugement « cousu main », adapté à vos attentes et vos besoins particuliers, et aux besoins de votre enfant, qui est unique.
Cet argument est énoncé par un JAF*, habitué à recevoir des parents séparés ou en cours de séparation. Chacun d’eux est persuadé d’avoir raison et espère que le jugement lui sera favorable. Ils auront pris soin de constituer leur dossier ou le faire constituer par un avocat. La réalité est qu’il faudra patienter de longs mois avant de rencontrer quelques minutes le JAF en charge du dossier. Chacun aura au préalable ou pendant cette période d’attente, affuter ses armes, communiquer durement ou pas du tout, éventuellement prendre à partie les amis, la famille, les enfants, le professeur des écoles, la directrice de la crèche, rencontrer leur avocat, une à plusieurs fois (ne serait-ce que pour, une fois encore, être rassuré…). La liste est longue. Et puis quelques temps après l’audience, viendra le jugement où retenant son souffle le parent lit ou écoute la teneur de ce dernier.
Les conclusions seront-elles du cousu main (du sur-mesure) ou du prêt-à-porter ? Il y a de très fortes probabilités qu’il s’agisse de prêt-à-porter. À notre époque, nous y sommes plus largement habitués et ceci dans bien des sphères de notre vie. La fabrication en série répond à des exigences de masse, de volume, de rapidité, de facilité et de rentabilité.
Cependant, en matière de coparentalité, il semble plus judicieux de penser et œuvrer au sur-mesure plutôt qu’à la standardisation. En couture, le sur-mesure est un vêtement réalisé en accord avec la morphologie et les souhaits du client, n’est-ce pas ? En ce qui concerne la sphère familiale, l’enfant est unique, la situation est unique, les parents sont uniques et même le contexte est unique. Ainsi, réaliser du sur-mesure pour ce qui concerne les enfants nécessite de réfléchir, se poser, se mesurer, tailler et coudre les pièces du futur. De fait, penser qu’une séparation est commune et une situation familiale universelle laisse songeur.
Je reviens une nouvelle fois sur cette idée que chaque famille, couple et personne relève de l’unique. Construire un plan d’action parental, retrouver ses potentialités de parents, organiser au mieux pour les enfants, permettre à la reconnaissance et au respect mutuel de ressurgir seront possibles dès lors que l’on propose aux parents de se ré-approprier leur responsabilité. La médiation familiale est l’espace du possible.
Son cadre déontologique de neutralité, d’impartialité, de confidentialité et le temps investi en et hors des séances peuvent contribuer à coudre, assembler, joindre ce qui semblait éparpillé. N’hésitez pas à utiliser un fil solide et de qualité et pour cela, un médiateur familial diplômé d’État pourrait être fort utile!
* Avec l’aimable autorisation de Monsieur Marc Juston, ancien Juge aux Affaires Familiales au Tribunal judiciaire de Tarascon https://marc-juston-mediateur.com
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