Série JAF et médiation Épisode 7 Calmer le jeu :
Calmer le jeu est une expression forte et paradoxale. En effet, pourquoi un ‘jeu conjugal ou familial’ aurait-il besoin d’être calmé et comment serait-ce possible?
Parlons-en ensemble sur la base de ce nouvel argument d’un Juge aux Affaires Familiales* convaincu de l’intérêt de la médiation familiale.
Argument n° 7
En médiation, vous allez « calmer le jeu » entre vous, faire le point, apaiser vos tensions. Vous allez mieux vous comprendre ; vous serez alors capables de trouver vous-mêmes, avec l’aide du médiateur, des solutions qui seront satisfaisantes pour chacun. Vous pourrez bâtir vous-mêmes les accords qui vous conviendront. Si vous ne parvenez pas à trouver d’accords, alors je trancherai, mais au moins vous aurez essayé.
Si je cherche à comprendre ce que signifie ‘calmer le jeu’, je lis ceci : Rendre calme, atténuer les tensions, diminuer les douleurs, reprendre un rythme normal, faire cesser ce qui perturbe. il s’agirait aussi de calmer ses ambitions et modérer ses prétentions; Que de définitions!
Prenons par analogie, une partie sur PS5 ou Nintendo Switch avec des amis. Peut-être êtes-vous amateur, amatrice de jeux vidéos ou bien, faites-vous partie de ces personnes qui ont eu besoin de chercher ce qui se cache derrière ces noms propres? Ce que je viens de faire, j’avoue! Jusque là, le seul personnage dont je connaissais l’existence virtuelle en la matière, était Mario Bross ! Ici s’arrête ma transgression farfelue sur le sujet!
Tout jeu a des règles, un cadre, des possibles, des impossibles, des limites et parfois même des recommandations. Et à tout cela, s’ajoutent des joies, satisfactions, une certaine excitation mais aussi des tensions, des essais de transgressions, parfois des temps illimités, une certaine forme d’addiction lorsque justement des limites ne sont pas posées et acceptées. Bref, la règle connue de tous est : Il vous faut gagner. Ce qui, dans certains cas, pourrait prendre beaucoup de temps et d’énergie ?
Si nous transposions cela à un couple ou une famille… Les règles posées ne pourraient pas être de gagner au détriment de l’autre, de se lancer dans une compétition, de chercher à faire perdre l’autre quitte à se perdre soi-même. J’ose penser que les règles seraient de mieux ‘jouer’ ensemble dans le sens d’une équipe challengée pour elle-même, de mettre en commun, de se confronter ponctuellement, de penser personnel et collectif, de travailler à définir un ‘vivre ensemble’ profitable pour enfants et adultes. La vie conjugale et parentale n’est certes pas de tout repos et nous sommes invités continuellement à communiquer avec et pour l’Autre sans oublier toutefois d’être à l’écoute de soi-même. Il s’agirait d’un jeu dans lequel les protagonistes n’auraient pas à s’affronter pour annuler l’autre mais pour mieux avancer dans la réflexion, le partage, parfois la confrontation d’idées mais avant tout, pour la construction du couple conjugal, le + 1, et de la famille issue de ce socle fondateur. Tout ceci n’engage que moi bien entendu!
Et si la séparation conjugale s’amorce et que les personnes ne peuvent plus s’entendre au sens propre et au sens figuré, il reste le couple parental. J’admets que nommer deux personnes séparées, couple parental, peut parfois hérisser car le mot couple est bien souvent associé à l’union conjugale. Je ne veux offenser personne bien sûr mais juste rappeler que mettre au monde un ou des enfants donne aussi naissance au lien parental. Lisons ensemble la situation actuelle de ces deux personnes que nous nommerons Ludivine et Kevin.
« Ludivine est en difficulté depuis 10 mois. Elle ne trouve pas de travail et s’inquiète de la suite. Si les avantages dont elle parle, sont de pouvoir être quotidiennement avec les enfants, limiter cantine, garderie, son inquiétude reste grande. Kevin est chauffeur poids lourd et n’a pas cessé son activité car il transporte du Frais. Lorsqu’il rentre en fin de journée exténué, Ludivine s’attends à un relais parental. Les reproches se font de plus en plus silencieux. Elle pense séparation sans trop savoir quel sera son futur quotidien. Kevin n’ose pas en parler et trouve refuge dans les jeux vidéos jusqu’à tard dans la nuit. Le week-end n’est pas investi pour prendre du temps ensemble avec ou sans les enfants et les règles de la console s’imposent de plus en plus dans le foyer. Ludivine passe la plupart de son temps au domicile d’une voisine chez qui les enfants peuvent aussi jouer à la Play et autres consoles.
Plusieurs scénarios sont possibles, en voici deux : 1/ Ils prennent le temps de se poser pour redéfinir les règles du jeu entre eux et investir pour la reconstruction 2/ Ils ne voient pas d’autre issue que la séparation imaginant qu’elle sera aidante et réfléchissent aux modalités pratiques de l’après, notamment pour les enfants.
Quelles sont les ressources externes que ces personnes vont potentiellement tenter d’activer ? Amis, familles, thérapeute de couple, juge aux affaires familiales ou médiateur familial… ? »
L’espace de médiation familiale offre l’opportunité de calmer le jeu, de définir de nouvelles règles de vie ensemble ou séparés, rédiger si besoin ces règles (contrat moral ou protocole d’accords à faire homologuer par un JAF). Enfin, sachez que ce lieu n’est pas prédéfini pour la séparation ou la remise en couple mais une véritable opportunité de communiquer de nouveau ou différemment, façonner ensemble un autre futur et bâtir des accords pérennes.
Accord moral ou écrit, vous bâtirez pour votre futur et calmerez le jeu.
* Avec l’aimable autorisation de Monsieur Marc Juston, ancien Juge aux Affaires Familiales au Tribunal judiciaire de Tarascon https://marc-juston-mediateur.com
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